Épidémiologie
La syphilis est une infection sexuellement transmissible provoquée par la bactérie (spirochète) appelée Treponema pallidum.
La surveillance de la syphilis nous indique que le nombre d’infections syphilitiques augmente en Belgique et en Europe depuis la fin des années nonante, suite à des éclosions dans les grandes villes, essentiellement chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. En Belgique, le nombre moyen d’enregistrements par an augmente de 24 %.
On dénombre 4 fois plus d’hommes infectés que de femmes.
La surveillance de la syphilis indique également un pourcentage élevé de patients réinfectés par la syphilis. Chaque année en Belgique, 25 % des épisodes syphilitiques signalés correspondent à des réinfections.
Symptômes
Bon nombre de personnes souffrant de la syphilis n’ont pas de symptômes et ne se rendent pas compte qu’elles sont infectées. En cas d’infection syphilitique, on distingue quatre phases : le stade primaire, secondaire, latent et tertiaire.
La maladie syphilitique débute le plus souvent par un ou plusieurs ulcères indolores qui disparaissent sans traitement, au bout de 3 à 6 semaines. L’ulcère initial apparaîtra environ trois semaines après l’infection. En l’absence de traitement au cours de la première phase, l’infection entrera alors dans une phase secondaire.
Les symptômes de la phase secondaire peuvent apparaître 6 semaines à 6 mois après le premier ulcère. Le symptôme le plus fréquent est une éruption cutanée, souvent au niveau des paumes des mains ou des plantes des pieds. Ceci peut s’accompagner de symptômes « grippaux » : fièvre, gonflement des ganglions, maux de gorge, maux de tête, douleurs musculaires et fatigue. Ces symptômes peuvent également disparaître sans traitement. Non traitée, la maladie entre en phase dite latente. L’infection reste contagieuse (c’est-à-dire qu’elle peut être transmise à un partenaire sexuel) lors des phases primaire, secondaire et latente précoce. Il n’y a pas de symptômes d’infection au cours de la phase latente, mais il existe un risque de développer une syphilis tertiaire si l’infection n’est pas traitée. La phase latente (précoce et tardive) peut durer des années et environ 15 % des personnes développeront une syphilis tertiaire, une affection très sévère qui peut provoquer un accident vasculaire cérébral, une perte de coordination, une insensibilité, une paralysie, une cécité, une surdité et des maladies cardiovasculaires.
Transmission
La syphilis se transmet par contact sexuel, qu’il soit vaginal, anal ou oral, sans préservatif, ou encore par contact direct avec un ulcère syphilitique.
Durant les rapports sexuels, il est plus probable que la syphilis se transmette d’homme à homme ou d’un homme à une femme que d’une femme à un homme. Les femmes enceintes peuvent transmettre l’infection à leur bébé, que ce soit via le placenta ou au moment de l’accouchement.
Il est possible de contracter la syphilis via une transfusion sanguine ou l’utilisation de drogues intraveineuses, mais ces modes de transmission sont très rares (le sang des donneurs fait l’objet d’un dépistage très strict de la syphilis). La syphilis ne s’attrape pas suite à des contacts fugaces (p. ex. siège des toilettes, piscines, saunas).
Risque
Les personnes qui courent un risque particulier sont celles qui ont plusieurs partenaires sexuels et des partenaires simultanés, et qui n’utilisent pas de préservatifs ; les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes courent un risque particulièrement élevé, en raison de leurs pratiques sexuelles telles que sexe anal et oral ; les personnes ayant un antécédent de syphilis, qui sont positives pour le VIH, courent un risque accru.
Complications
La dernière phase, également appelée syphilis tertiaire, débute 3 ans ou plus après l’infection. Environ 30-40 % des personnes infectées évoluent vers cette dernière phase. À ce stade, la personne n’est plus contagieuse, mais les bactéries sont actives, se multiplient et se propagent dans tout l’organisme, entraînant des lésions au niveau du cœur, des yeux, du cerveau, du système nerveux, des os et des articulations.
On peut observer l’apparition de tumeurs cutanées ou testiculaires et de tumeurs d’autres tissus, ainsi que des symptômes cardiovasculaires tels qu’un anévrisme de l’aorte et une insuffisance valvulaire aortique ; on peut également observer une dégénérescence du système nerveux central avec démence, tremblements et perte de productivité.
La syphilis tertiaire entraîne une mortalité très élevée, consécutive aux conséquences dramatiques de la maladie.
Infection syphilitique et grossesse
Une femme enceinte peut transmettre la syphilis à son bébé, que ce soit pendant la grossesse ou lors de l’accouchement. L’infection, qui porte le nom de syphilis congénitale, est très grave et provoque le plus souvent une fausse couche, un enfant mort-né ou des malformations fœtales. Les bébés qui naissent avec la syphilis peuvent être asymptomatiques au moment de la naissance mais, sans traitement direct, ils peuvent présenter des problèmes sérieux, notamment des crises d’épilepsie, voire un décès.
Les bébés infectés ont souvent des lésions irréversibles au niveau du système nerveux central ainsi que des lésions organiques multiples. Les nourrissons asymptomatiques peuvent développer ultérieurement une inflammation de la cornée (k��ratite), une arthrite, une surdité et des lésions du système nerveux central. Les femmes enceintes doivent faire l’objet d’un dépistage de la syphilis et recevoir un traitement antibiotique s’il s’avère qu’elles sont infectées.
En Belgique, on recherche systématiquement la présence d’une syphilis chez les femmes enceintes, lesquelles sont traitées en cas d’infection. Le nombre d’infections congénitales en Belgique est faible.
Diagnostic
L’infection est facilement diagnostiquée à l’aide d’une analyse de sang sérologique. Il s’agît d’une combinaison d'un test non tréponémique (RPR ou VDRL), avec un test tréponémique (TPHA, TPPA ou FTA).
En cas d’ulcère, on peut réaliser un frottis pour confirmer le diagnostic. Pour ce faire, on utilise le « microscope à fond noir », la DFA ou la PCR.
Le tableau ci-dessous montre l'interprétation des tests sérologiques. L'algorithme de dépistage de la syphilis primaire est présenté dans l'image.
+ |
+ |
Infection active |
1/8 + |
+ |
Faux positif ou stade précoce |
Légèrement + |
+ |
Infection passée ou traitée ou ancienne |
+ |
- |
Faux positif, pas d’infection |
- |
+ |
Infection primaire ou latente, ou infection traitée |
- |
- |
Pas d’infection ou période d’incubation |
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Pour confirmer une syphilis congénitale : détection de la bactérie par DFA-TP dans le sang de cordon, le placenta, les sécrétions nasales ou une lésion cutanée, ou détection des IgM spécifiques (FTA-abs, EIA) ; et un test non tréponémique réactif (VDRL, RPR) dans le sérum du bébé.
Traitement
La pénicilline V (Benzathine benzylpénicilline) est utilisée à tous les stades. En cas d’allergie à la pénicilline, on peut utiliser de la ceftriaxone.
En cas de syphilis congénitale, on n’utilise que la pénicilline.
Chez les femmes enceintes infectées par la syphilis et souffrant d’une allergie à la pénicilline, on recommande une désensibilisation.
Liens
Données IST intermédiaires des laboratoires 2014
Link to annual report NL 2013
Link to annual report FR 2013
Link to PPT STI report 2013
Link to NRC
Public health benefits for partner notification for STI and HIV